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Jean MAHIEU-VILLARS


(1923-2020)
Mouvement Libération-Sud
Mouvements Unis de la Résistance
Coll. familiale/carte de CVR de 1956
Coll. familiale/carte de CVR de 1956

Né à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) le 31 juillet 1923, Jean Mahieu n'a pas 17 ans lorsqu'il assiste à la défaite française et à l'Occupation de son Pays. Bien décidé alors à vouloir « faire quelque chose », il envisage dans un premier temps de rejoindre la France libre avant de s'engager dans la Résistance à Lyon d'abord au sein du mouvement Combat auquel appartient déjà son père Lucien Mahieu(1).

Ayant rejoint le mouvement Libération-Sud, en septembre 1943, Jean Mahieu alias Villars en devient un membre permanent agissant sous les ordres de Louis Le Coq alias Berger, chef régional de l'organisation. Son frère André Mahieu, né en 1927, le rejoint au sein de ce mouvement et participe à la distribution de journaux et tracts clandestins.

Devenu responsable de la propagande-diffusion des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) pour le département du Rhône, Jean Villars prend la direction d'un groupe franc de propagande chargé de réaliser des actions spectaculaires en plein Lyon occupé. Le 31 décembre 1943, sous les ordres de Charles Mohler alias Duvernois, il participe à l'opération de diffusion du faux-Nouvelliste. En mars 1944, son groupe « propa-diffu » assure la répartition d'un million de tracts « La Résistance n'est pas morte. Miliciens assassins » qui ont été imprimés chez l'imprimeur lyonnais Pons.

Au sein de son groupe de « propa-diffu » des MUR, Jean Villars met sur pied un groupe motorisé avec des véhicules volés qui lui permettent d'envisager des opérations d'envergure. Grâce à ses contacts avec un groupe de Résistance d'Ambérieu-en-Bugey, il obtient des armes assurant ainsi la protection de son groupe. En juin 1944, avec son groupe franc il réalise une croix de Lorraine en bois de 3 mètres de long lestée par des sacs de boulons. Embarquée sur le toit d'une voiture, cette croix de Lorraine est jetée par-dessus le parapet d'un pont enjambant le Rhône. Elle sera pour les passants de l'époque la preuve tangible que la Résistance est devenue un contre-pouvoir suffisamment puissant pour oser ainsi entreprendre ces actions d'éclats à la barbe des troupes allemandes.

Jean Villars participe également à la lutte armée avec les Forces unies de la jeunesse et les groupes francs de l'Armée secrète prenant directement part à des attentats et des sabotages dans Lyon. Au moyen d'explosifs reçus lors de parachutages (en l'occurrence des pains de plastic munis de détonateurs et de crayons-allumeurs) il détruit plusieurs officines de la collaboration et les fortins de la préfecture.

Son sens de l'organisation et son courage valent à Jean Villars d'être promu responsable régional R1 propagande-diffusion des MUR en juillet 1944. Il agit dès lors sous l'autorité directe d'Alban Vistel.

En octobre 1944, il s'engage pour la durée de la guerre dans l'Armée et reçoit une formation militaire à l'école des Cadres d'Uriage. Affecté au 29e Régiment de Tirailleurs algériens, il participe aux combats des Alpes avant que son unité ne soit versée dans les troupes d'occupation de l'Allemagne et qu'il ne soit cantonné à Trèves.

N'ayant pas de vocation pour le métier des armes, il ne poursuit pas son engagement dans l'Armée. De plus, ayant dû interrompre brutalement ses études à cause de son engagement dans la Résistance, Jean-Mahieu-Villars souhaite entrer dans la vie active. Il travaille alors à Lyon à La Marseillaise. C'est à cette occasion qu'il se lie d'amitié avec Henri Bailly qu'il a rencontré à Lyon durant la Résistance. En 1949, il fonde sa propre affaire d'édition pour la jeunesse : le groupe HEMMA.

En 1953, est créée la Confédération nationale des Combattants Volontaires de la Résistance (CNCVR). Pendant six ans (1953-1959), Jean Mahieu-Villars devient un membre actif au sein de cette association naissante à côté de son ami Henri Bailly qui en devient la cheville ouvrière en tant que Secrétaire général. C'est une période de grande activité, de grande camaraderie, qui a vu notamment la création des prix de la Résistance, préfiguration du Concours national de la Résistance et de la Déportation, dont, ne l'oublions pas, la paternité revient à la CNCVR. Le 10 rue des Pyramides dans le 1er arrondissement de Paris, devient un lieu où les combattants volontaires de la Résistance aiment retrouver la camaraderie qui les a unis dans la clandestinité.

En 1989, Jean Mahieu-Villars est appelé par Henri Bailly pour s'occuper avec lui de la rédaction du journal L'Écho de la Résistance. En 1992, à la mort de son ami Bailly, il en devient le rédacteur en chef et ce jusqu'en 2005, date à laquelle la CNCVR rejoint la Fondation de la Résistance. Jean Mahieu-Villars s'implique également activement dans le Concours national de la Résistance et de la Déportation qu'il considère comme un moyen de transmission de l'histoire et de la mémoire de la Résistance aux nouvelles générations. Pendant de nombreuses années, avec plusieurs camarades, dont MM Jacques Henriet, Yves Leleux, Maurice Leteuil et Albert Sernissi, il organise, au Cercle national des Armées à Paris, la réception offerte aux lauréats nationaux par la CNCVR et les associations de résistants et de déportés. Il n'hésite pas non plus à donner de sa personne au sein du jury départemental de ce concours dans les Hauts-de-Seine.

Fidèle en amitié, bien que qu'habitant les Hauts-de-Seine, il était toujours resté très lié à l'Union départementale des Combattants Volontaires de la Résistance du Rhône où il comptait de nombreux camarades de Résistance.

Chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la médaille de la Résistance française avec rosette Jean Mahieu-Villars nous a quittés le 22 juin 2020.

 

Frantz Malassis

(1)   Lucien Mahieu est ingénieur à l'usine SFR de Lyon. En 1944, il crée Radio Lyon qui émet une heure après la libération de la ville.

Sources :

- Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours, Lyon, éd. BGA Permezel, 2003.

- Témoignage de Jean Mahieu-Villars collecté par l'auteur