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L'évadé de la France Libre. Le réseau Bourgogne


Georges BROUSSINE
Paris, Edition Taillandier, 2001

La lettre d'un aspirant de 22 ans, informant sa hiérarchie de sa " volonté de continuer la lutte ", comme l'inconnu de juin 40 Charles de Gaulle. !!! Pour le moins original !!! Geste provocateur, et courageux, reflet de la personnalité de Georges Broussine, et c'est le commencement d'une belle aventure. Dix-neuf mois pour rejoindre " Patriotic School " en Angleterre. Début dans la Résistance quand elle n'était qu'un " désordre de courage " - mouvement Combat -, parenthèse " dominicaine avec un certain Bruckberger " auprès de qui il trouve refuge, arrestation par la police de Vichy, " séjour " au fort Saint-Nicolas à Marseille puis enfin Gibraltar, après un passage dans les geôles franquistes.

Londres, juillet 42, va pendant six mois fasciner Georges Broussine. Il y découvre les différents visages de cette capitale en guerre. D'abord la rencontre des " free french ", quelques milliers d'hommes et de femmes à -la fois unis et désunis- autour du général De Gaulle, et qui en final se retrouvent " pour la victoire de Bir-Hakeim et les exploits de l'armée des ombres ". Rencontre aussi avec ces londoniens stoïques, d'une gentillesse amicale envers les français, patients et unis autour d'un seul but : la victoire. Quelques mois à " l'école des agents secrets ", après avoir été recruté par le service évasion du B.C.R.A,. en vue d'être envoyé en mission en France.

Enfin le 19 février 1943, après un atterrissage mouvementé près de Tours, le lieutenant Bourgogne -son nom de code -" rentre en action ". Il parcourt depuis Paris clandestinement la France, recrute " les piliers ", volontaires déterminés, dont quelques figures étonnantes, qui vont former " le réseau Bourgogne ", chargé de convoyer vers l'Espagne les aviateurs alliés abattus en France et quelques évadés français. Le voyage en train de ces hommes accompagnés par les convoyeurs du " réseau Bourgogne ", n'était pas sans risque, depuis le " Jardin des Plantes ", lieu de rendez-vous avant la Gare d'Austerlitz. Trains bondés et surveillés, trajet plein d'embûches, bien inconfortable et interminable jusqu'à Pau ou Foix, ou bien encore jusqu'à Perpignan. Et puis, venait, par tous les temps, le dur passage des Pyrénées avec ses sentiers rocailleux, avant d'atteindre Andorre puis l'Espagne.

En moyenne pour rejoindre l'Angleterre par Gibraltar, sept à huit semaines. Quatre-vingt quinze pour cent des aviateurs alliés sortis sains et saufs de leur avion abattu réussiront à rejoindre l'Angleterre, malgré la traque des occupants et de leurs séides, grâce à tous ces femmes et hommes de bonne volonté formant " une immense chaîne de solidarité "., Et " Bourgogne " de brosser le tableau d'une France, ou " la rencontre entre un aviateur allié à la porte d'une ferme concrétisait l'engagement du fermier envers les alliés ". De faire le récit émouvant de ce pilote canadien de la R.A.F. abattu près de Montluçon, ou malgré les ordres des Allemands, " une foule énorme accompagna le corps jusqu'au cimetière " (4 à 5 000 personnes selon des R.G. de Vichy !!).

Georges Broussine va accomplir un énorme travail en cherchant à améliorer la sécurité et aussi la diversification des " filières d'évasion ", bien sûr, la chance et la malchance seront alternativement au rendez-vous, mais toujours son engagement : courageux et entier. Donnant plus qu'il ne recevait, suivant sa belle formule, il permettait" à ses amis de faire quelques chose d'utile à leur propre cause : celle de leur pays et de la liberté. J'étais, pour tous ces gens merveilleux, le moyen de montrer dans quel camp ils se situaient ". Quel homme de défi ce lieutenant Bourgogne quand il entreprend de faire réaliser en juin 1944, " en vraie grandeur " le tournage, à Paris, d'une promenade un dimanche matin de trois jeunes aviateurs américains évoluant parmi les passants et les nombreux militaires allemands qui faisaient du tourisme. depuis la place du Trocadéro jusqu'à Notre-Dame.

Et Georges Broussine d'affirmer, après la réussite de ce film " où la séquence sur le quai est magnifique ", sa conviction " selon laquelle la complicité active ou passive de la population était acquise et aux Alliés et à la Résistance et cela en dépit des risques….. ". Beau et passionnant récit, raconté avec désinvolture, et humour. Non le " lieutenant Bourgogne " n'est pas une tête brûlée, à 25 ans il croît " que le bonheur est dans la liberté et la liberté dans le courage ".

Georges Broussine est mort le 31 octobre 2001, à l'âge de 83 ans. Après la guerre il avait entreprit une carrière journalistique. Il était Président honoraire de l'Association de la presse diplomatique française.

 

Jean Novosseloff
Secrétaire Général-adjoint de l’association " Mémoire et Espoirs de la Résistance "

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