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Concours de la meilleure photographie d'un lieu de Mémoire

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Le Concours de la meilleure photographie d'un lieu de Mémoire 2020-2021.

En 2021, treize photographies ont été adressées au jury du Concours de la meilleure photographie d'un lieu de mémoire qui a décerné trois prix à l'occasion de cette vingt-troisième édition.

Le Concours de la meilleure photographie d'un lieu de mémoire a été créé en 1998 par la Fondation de la Résistance dans le sillage du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) dont le thème d'alors proposait aux élèves d'étudier des lieux de Mémoire (1). L'idée initiale était de permettre aux candidats du CNRD de valoriser leurs productions photographiques réalisées à cette occasion. Depuis, ce concours, unique en son genre, offre aux élèves la possibilité de photographier des lieux de mémoire, situés en France ou à l'étranger, relatifs à la Résistance intérieure et extérieure, à l'internement et à la Déportation. Par la maîtrise de la photographie et la rédaction d'un texte explicatif, les candidats expriment leur sensibilité à l'égard des aspects artistiques et architecturaux de ces plaques, stèles et monuments. Son jury est composé d'iconographes, d'historiens, de conservateurs de musées et de représentants d'institutions et d'associations de mémoire et d'histoire.
En vingt-trois ans, ce concours, véritable formation à l'éducation à l'image, a permis à près de 800 collégiens, lycéens et apprentis de montrer les liens tangibles qui unissent leur génération à cette « mémoire de pierre » , héritage légué bien souvent par des résistants et des déportés. Conscient de l'intérêt pédagogique et des leçons civiques que peuvent en tirer les élèves, le jury multiplie les actions pour promouvoir activement ce concours. La Direction des Patrimoines, de la Mémoire, et des Archives (DPMA-ministère des Armées) et de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie (APHG) ont largement diffusé les informations invitant les enseignants du secondaire à y participer.
Néanmoins, pour la deuxième année consécutive, la période de confinement que nous avons connue au printemps 2021 a réduit drastiquement la participation des candidats à ce concours. Comme tous les voyages pédagogiques, ceux à destination des lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale ont été annulés durant cette période. Or, c'est précisément lors de ces séjours que la grande majorité des élèves prennent les photographies qu'ils soumettent au jury. C'est la raison pour laquelle, pour la session 2020-2021, celui-ci n'a reçu que treize travaux. Malgré tout, face à l'implication des enseignants et des élèves durant cette période singulière, l'ensemble du jury a décidé d'organiser une réunion à distance pour examiner les travaux reçus (2) et désigner les lauréats. Si cette année aucune des photographies n'était accompagnée de poèmes, comme ce fut le cas dans le passé, plusieurs élèves ont été émus de ressentir une relative indifférence des passants devant les plaques, stèles et monument qu'ils découvraient.

Frantz Malassis

Chef du département documentation et publications à la Fondation de la Résistance

(1) Le thème du CNRD 1998-1999 était : « Des plaques, des stèles, des monuments évoquent le souvenir des actions de résistance et la mémoire des victimes des persécutions et des répressions de la période 1940 à 1945. Recherchez et commentez l'histoire de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants » .
(2) Le jury a examiné treize photographies provenant de treize candidats issus de deux établissements scolaires (un lycée général et un collège). On comptait parmi eux douze collégiens et un lycéen.


Photo Jeanne Bluzat

Le premier prix du Concours de la meilleure photographie d'un lieu de mémoire a été décerné à Jeanne BLUZAT, élève de troisième au collège Pierre de Ronsard à Saint-Maur-de Fossés (Val-de-Marne) pour sa composition prise du monument du Mémorial national du camp de Drancy, Oeuvre réalisée en 1976 par l'ancien déporté Shelomo Selinger.

Cette candidate a accompagné sa création d'explications historiques et de réflexions que lui inspira ce lieu.

« Sa situation, au coeur des habitations de la cité de la Muette m'a surprise. Cet ancien camp d'internement et de transit a été le lieu principal de déportation des Juifs en France. Des fleurs se trouvent au pied du monument car j'ai pris cette photographie après les commémorations du 8 mai 1945. J'ai opté pour une vue oblique pour mettre en valeur tous les éléments, faire ressortir le contraste des couleurs et donner un aspect plus original à mon cliché. Trois blocs de granit rose de trois mètres de haut sont posés sur une butte pavée. Sur le bloc central, dix personnages sculptés renvoient à l'horreur de la déportation. De face, je distingue les visages d'un couple et des têtes renversées dans des flammes qui illustrent la mort et l'holocauste. Au dos, j'aperçois la représentation touchante d'une femme tenant un enfant dans ses bras en souvenir des 1 500 000 enfants juifs arrachés à leur mère. Sur les deux blocs latéraux, symbolisant les portes de la mort, je lis l'inscription : "Ce monument témoigne des martyrs juifs de France victimes de la barbarie nazie. Passant, recueille-toi et n'oublie pas" qui rend hommage aux victimes. En arrière-plan, un wagon (...) évoque les convois de déportés vers le camp d'Auschwitz. Il est relié à la sculpture par des rails que l'on ne voit pas sur la photographie. J'ai du mal à imaginer comment une centaine de personnes pouvaient s'y entasser avant d'être transférées vers les chambres à gaz. Cette reconstitution m'émeut et me fait froid dans le dos. Derrière la sculpture, la présence du bâtiment blanc de la cité de la Muette, est étonnante car il contraste avec le granit rose de la sculpture. Réquisitionné en 1940 par les nazis, cet endroit témoigne de la barbarie humaine. Aujourd'hui, monument historique, c'est à la fois un lieu de mémoire et un lieu de vie. »


Photo Albane Laffeach

Le deuxième prix est revenu à Albane LAFFEACH, élève de terminale au lycée Pierre Corneille à Rouen (Seine Maritime) pour son cliché intitulé « Un silence tonitruant » pris au lieu-dit La maison hantée à Bonsecours (Seine Maritime).

Voici un extrait de ses réflexions en ce lieux :

« Derrière un muret le long de la route empruntée quotidiennement par des centaines d'usagers, se trouve un de ces nombreux endroits que l'historien Pierre Nora a défini comme étant des "lieux de mémoire", des "restes", des fragments d'Histoire. Au pied du drapeau français que nous apercevons depuis notre véhicule lorsque nous descendons la côte de Bonsecours, se trouve une plaque à même le sol, seul élément nous permettant de comprendre la symbolique de cet endroit dissimulé dans la forêt. Elle nous indique ainsi qu'entre 1940 et 1941 "des Français tombèrent sous les balles nazies, victimes de leur amour pour la patrie", et agit donc comme une interface entre passé et présent, entre les victimes et les passeurs de mémoire que nous sommes aujourd'hui. Parmi les fusillés, un homme, que l'Histoire a retenu comme le premier martyr de la résistance intérieure française : Étienne Achavanne, mort le 4 juillet 1940. Par cette composition, j'ai tenté d'allier l'atmosphère obscure qui enveloppe la colline lorsque nous nous recueillons, adossée à la douleur de la mort, avec la force du sentiment patriotique qui animait ses combattants de la liberté. L'atmosphère contrastée qui règne dans ce havre de paix, qui jouxte pourtant une route bruyante, ne pouvait être décrite autrement que par ce titre oxymorique. J'ai donc choisi de présenter cet endroit méconnu de la majorité des Rouennais - alors même que beaucoup vivent à deux pas de ce haut lieu mémoriel - afin de lui donner de la visibilité et pour que le nom d'Étienne Achavanne ne se réduise pas à un simple nom de rue, pour ainsi mettre en oeuvre la formule de Paul Éluard : "Si l'écho de leurs voix faiblit, nous périrons". »


Photo Doua Bousseboua

Le troisième prix a été attribué à Doua BOUSSEBOUA, élève de troisième au collège Pierre de Ronsard à Saint-Maur-de Fossés (Val-de-Marne) pour son photomontage réalisé à partir du monument aux morts de Fenain (Nord).

Un commentaire présentant sa démarche créatrice était joint :

« Ce monument aux morts se situe à Fenain, dans le département du Nord. J'ai utilisé une application pour faire un montage en mettant une photographie de soldats pendant la guerre et donner un effet avec les couleurs. Ce monument est un hommage aux victimes militaires, déportés, fusillés et civils. Il a été construit en 1947 par Dirson de Somain et les sculptures réalisées par J. Remy. Il a été financé grâce à la générosité des habitants et du conseil municipal. Le maire a annoncé : "pour perpétuer la mémoire de toutes les victimes de la guerre de 1939-1945, nous leur avons fait ériger un monument. Nous devons remercier ici la population toute entière de la générosité dont elle a fait preuve lors des souscriptions. Les sommes recueillies se montent à 150 000 francs. La commune y a participé pour une part égale. Nous avons pensé aussi à leurs aînés de la guerre 14-18." Ce monument m'a beaucoup touchée car il est dédié aux morts de la Seconde Guerre mondiale mais il y a aussi une part de l'hommage pour les morts de la Première Guerre mondiale. »