Rechercher dans le site :
Actualit�sLettre d'informationContactPlan du siteSummaryMarquer cette page

Itinéraire d'un méhariste. De la Mauritanie à l'Afrique Française Libre


René Génin
Saint-Maur-des-Fossés, Edition Sepia, 2004, 379 pages

Les correspondances et journaux personnels des Français libres sont trop rares pour qu'on ne salue pas cette remarquable édition des lettres à sa famille et à ses proches du premier officier supérieur à rallier l'Afrique française libre depuis la métropole en 1940, tué pendant la guerre de Syrie, compagnon de la Libération. Outre des notes et des documents biographiques très utiles, la fille du colonel Génin  a voulu en effet éclairer avec un souci de distanciation exemplaire le comportement et la mentalité de son père en tant que méhariste, puis que " dissident " de 1940, et enfin en tant qu'officier français libre. Pour ce faire, elle a inclus des entretiens avec une ethnologue (Sophie Caratini), des historiens (Renée Bédarida et Alfred Grosser) et un ancien FFL (Pierre Messmer). 

Multiplier les points de vue permet ainsi de toucher à l'évolution d'un homme. Avant guerre, la lutte contre des Maures qu'il ne comprend pas ne rassasie pas son envie de se battre. Mais bien plus que cette frustration, c'est sa faculté d'analyse personnelle peu commune, développée sans doute durant ces années de solitude en Mauritanie, qui l'amènent à rompre en 40 avec l'attitude de son milieu conservateur. Cinq jours avant l'appel du 18 juin, il énonce dans une lettre à sa femme des motifs remarquablement similaires à ceux employés par de Gaulle pour refuser toute capitulation.

Convaincu dès l'automne 1940 que " le boche viole chaque jour, en ricanant, les conditions d'armistice ", il quitte la métropole pour l'Afrique où, après un périple à travers le Sahara et l'AOF, il passe au Nigeria britannique et arrive en janvier 1941 à Brazzaville. Il y prononce aussitôt une conférence où il fustige la collaboration prônée par Vichy  (" c'est la collaboration du beefsteak et du consommateur "). Engagé en Erythrée, puis en Syrie, il est tué le 17 juin 1941. Selon Pierre Messmer, il aurait sans doute reçu le commandement d'une des deux brigades FFL formées après la campagne. 

                                                                                                                                      Bruno Leroux