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Francis-Louis CLOSON


(chargé de mission de la France libre en métropole, puis commissaire de la République à Lille)
Francis-Louis Closon, commissaire de la République dans le Nord en septembre 1944
(Photographie extraite de © Francis-Louis Closon, Commissaire de la République du général de Gaulle. Lille, septembre 1944 - mars 1946, Julliard, 1980)
Francis-Louis Closon, commissaire de la République dans le Nord en septembre 1944
(Photographie extraite de © Francis-Louis Closon, Commissaire de la République du général de Gaulle. Lille, septembre 1944 - mars 1946, Julliard, 1980)


Compagnon de la Libération, Francis-Louis Closon a été l'un des artisans de l'unification de la Résistance, du rapprochement entre la Résistance intérieure et la Résistance extérieure, et de la préparation de la Libération en France.

Né à Marseille le 18 juin 1910, juriste de formation, Francis-Louis Closon s'engage dans sa jeunesse dans des mouvements de tendance démocrate chrétienne qui lui font connaître, dès les années 1930, la nature de l'idéologie nazie. Un voyage en Allemagne au cours de l'été 1936 et la lecture de la presse chrétienne (Sept puis Temps présent), lui forgent une culture politique marquée par un antifascisme chrétien.

En 1938, Francis-Louis Closon quitte la France pour effectuer un stage aux Etats-Unis ; c'est là qu'il apprend la défaite de son pays, en 1940. Il décide alors, en juin et juillet de l'année suivante, de rejoindre le général de Gaulle et la France libre à Londres, où il est affecté au service des Finances. Francis-Louis Closon y fréquente une autre personnalité de tendance démocrate chrétienne, Maurice Schumann, dont il devient l'ami et avec lequel il participe à la rédaction du mensuel français libre " Volontaire pour la cité chrétienne ".

Nommé par la suite directeur à l'Intérieur, Francis-Louis Closon assiste aux conflits entre les divers organismes de la France libre, plus particulièrement entre le BCRA (Bureau Central de Renseignement et d'Action) dirigé par le colonel Passy, et l'Intérieur pour lequel il travaille. Le travail de bureau l'ennuie ; impatient de partir en France et d'agir, il obtient d'André Philip, commissaire à l'Intérieur, une première mission en France, en février 1943. Chargé de mission temporaire en zone Sud, il doit prendre contact avec le Comité général d'Etudes (CGE), très contesté par les mouvements de la zone Sud, et dont le rôle est d'étudier et d'élaborer les grands dossiers de la Libération (épuration, reconstruction économique, réforme de l'Etat, etc.).

Arrivé en France, Francis-Louis Closon rencontre à Lyon celui dont il ne connaît encore que le surnom (Max ou Rex) et pas la véritable identité, Jean Moulin, délégué général en France. Il découvre les difficultés de sa mission d'unification de la Résistance. " Je commençais à percevoir, écrit-il dans son beau livre Le temps des passions, ce que devait être la tâche de Moulin, l'envoyé du général de Gaulle, pris entre les services secrets et les mouvements, discuté par les deux, plaidant à Londres la cause de la Résistance, en France celle de la France combattante et de ses bureaux installés en pays étranger. " (p. 54).

La réalité de la clandestinité, pleinement vécue à travers ses dangers et les amitiés solides nouées, lui apparaît plus complexe que celle qu'il imaginait à Londres. Closon se rend compte de la situation particulière de la zone Sud et des relations souvent tendues entre les mouvements de cette zone (Combat, Franc-Tireur et Libération-Sud), la France libre et son chef de Gaulle. La méfiance est grande et l'unification difficile. Issu de la Résistance extérieure, Closon découvre dans la France occupée une Résistance animée d'intenses débats politiques, un monde clandestin qui revendique son autonomie de décision par rapport aux Français libres. Les priorités, les attentes et les préoccupations sont autres ; ce sont alors, en 1943, deux " France " qui se côtoient. Au cours de cette première mission, Francis-Louis Closon est amené à rencontrer les chefs des grands mouvements de la zone Sud (Henri Frenay pour Combat, Emmanuel d'Astier de la Vigerie pour Libération-Sud) avec lesquels les discussions sont le plus souvent vives lorsqu'il s'agit de les faire participer au CGE.

Sur la demande de Jean Moulin, Closon repart à Londres en mai 1943 ; il lui confie un rapport adressé au général de Gaulle dans lequel Jean Moulin fait état de la situation en France occupée et des tensions avec les mouvements. En septembre 1943, après un voyage à Alger en compagnie de de Gaulle, une seconde mission le renvoie en France. Chargé de la préparation de la Libération et de la nomination des futurs préfets, Francis-Louis Closon (alias " Vincent ") met en place clandestinement les Comités départementaux de Libération. Présents dans chaque département, les CDL ont pour rôle d'encadrer la prise de pouvoir, l'épuration et la transition de la période de la Libération afin de permettre un retour rapide à la légalité républicaine. Ces CDL doivent représenter toutes les tendances politiques de la Résistance, afin d'établir un équilibre entre les mouvements de Résistance et les partis politiques traditionnels. Aux mois d'octobre et de novembre 1943, Closon se déplace dans de nombreuses villes (Dijon, Lille, Rouen, Toulouse, Avignon et Marseille) pour participer à la formation et à l'installation des CDL.

En avril 1944, il retourne de nouveau à Londres, en compagnie, écrira-t-il plus tard, d'un petit chat noir pour ses enfants ; il rejoint ensuite Alger où siège le Comité Français de Libération Nationale. Après le débarquement des Alliés en Normandie, le 6 juin 1944, il repart pour une troisième fois en mission en France, à Lille pour prendre, avant la Libération du territoire, ses fonctions de Commissaire régional de la République. Ce dernier voyage sera plus difficile : après un long détour par la Corse, Alger puis l'Italie, Closon rejoint Paris juste avant la libération de la capitale. Participant à la libération de Paris, Closon fait partie de ceux qui entoureront le général de Gaulle lors de la descente des Champs-Elysées. Nommé en septembre 1944 Commissaire régional de la République pour le Nord et le Pas-de-Calais, il s'efforce de rétablir la légalité républicaine et l'autorité de l'Etat, en contrôlant la répression de la collaboration et l'épuration judiciaire, en permettant le maintien de l'ordre et en organisant aussi le ravitaillement. En 1946, il devient directeur de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Auteur de nombreux livres de souvenir, dont le plus riche est peut-être Le temps des passions, Francis-Louis Closon est décédé à Paris en 1998.

Bibliographie

• CREMIEUX-BRILHAC (Jean-Louis), La France libre, Paris, Gallimard, 1996, 969 pages.
• CLOSON (Francis-Louis), Le Temps des passions, Paris, Presses de la cité, 1974, 252 pages.
• CLOSON (Francis-Louis), Commissaire de la République du général de Gaulle. Lille, septembre 1944 - mars 1946, Paris, Julliard, 1980, 222 pages.
• CORDIER (Daniel), Jean Moulin. La République des catacombes, Gallimard, 1999, 999 pages.
• FOULON (Charles-Louis), Le pouvoir en province à la libération, Paris, Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1975, 301 pages.
• MURACCIOLE (Jean-François), Histoire de la Résistance en France, Paris, PUF (Que sais-je ?), 1993, 127 pages.

Sites Internet

• Biographie proposée par le Musée de l'Ordre de la Libération
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/221.html

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