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Il n'est pas trop tard...pour parler de résistance. Souvenirs et témoignages. Drôme, Diois, Vercors. 1940-1945


Jean Abonnenc
Die, Edition imprimerie Cayol, 2004, 384 pages

Le livre de Jean Abonnenc, agent du réseau SOE Jockey puis à 21 ans chef d'une compagnie de l'AS dans la Drôme, fourmille d'informations précieuses sur un des départements de France où la guérilla pratiquée par la Résistance fut la plus intense. 

Fils d'un meunier de Luc-en-Diois, requis pour  le STO en mai 1943, Jean Abonnenc se cache et trouve très vite le contact avec le réseau de Francis Cammaerts, qui le teste en l'envoyant porter des plis et recueillir des renseignements, avant de lui confier l'organisation du sabotage du pont de la Condamine en octobre 1943.  Toutes les facettes de cette période apparaissent : la préparation de la Libération avec les parachutages d'armes, la répression qui monte d'un cran et accroît les risques, obligeant à choisir les actions en fonctions des représailles possibles sur les civils, la puissance en même temps d'une résistance qui se sent suffisamment forte pour mener des opérations d'intimidations à l'égard des miliciens.

Puis c'est le tournant du 6 juin 1944, où il reçoit l'ordre d'occuper des cols et d'investir des villages, mais comprend rapidement qu'il faut s'adapter à la réalité du terrain, refusant par la suite de monter au Vercors. La description de cette guérilla de l'été 1944 est précieuse par la complexité des situations qu'elle décrit : tout en se battant, il faut organiser le ravitaillement des maquisards, et même des populations de certains bourgs, se méfier des agents ennemis infiltrés, se coordonner avec les FTP. L'échange des renseignements et de matériel avec ceux-ci n'empêche pas de graves dissensions avec leurs chefs sur la répartition des territoires et des hommes. Menacé lui-même de mort en mai 44, Abonnenc apprendra pendant l'été l'exécution d'un de ses maquisards, considéré comme " déserteur " pour être passé des FTP à l'AS. 

Les représailles simultanées à l'opération contre le Vercors sont terribles et si les parents d'Abonnenc échappent par miracle à une descente des Allemands, le moulin et la maison familiale sont incendiés. A travers son témoignage apparaît aussi  l'attitude des gendarmes locaux (peu enclins à la chasse aux réfractaires, celle des prêtres (freinés par leur évêque, Mgr Pic, dans leur volonté d'assister les maquis), mais aussi le poids du légendaire constitutif de la résistance : l'argent parachuté par les Alliés, support à rumeurs inépuisable (cf le film Crésus de Giono) fera des Abonnenc la cible des malveillants après la Libération, en particulier au moment de la reconstruction du moulin !

Bruno Leroux

N.B: l'ouvrage est disponible chez l'auteur: 75 la Croisette, 06400 Cannes