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Jean-Pierre LEVY


(mouvement "Franc-Tireur")
1910-1996
Fausse carte d'identité remise à Jean-Pierre Levy à Londres
(Doc. extrait de ©
Fausse carte d'identité remise à Jean-Pierre Levy à Londres
(Doc. extrait de © "Mémoires d'un franc-tireur. Itinéraire d'un résistant", Complexe - IHTP/CNRS, 1998. Collection privée, DR.)


Alsacien, né en 1910 dans une famille juive installée depuis plus de deux siècles en Alsace, Jean-Pierre Levy a connu deux nationalités : allemand de naissance, il devient français en 1918. Parce qu'Alsacien, Jean-Pierre Levy est profondément attaché à la France et son éducation est imprégnée de patriotisme. A ses sentiments patriotes s'ajoute une connaissance précoce du nazisme par la lecture d'extraits du livre de Hitler " Mein Kampf ".

A l'âge de 10 ans et demi, Jean-Pierre Levy perd son père ; se sentant responsable de sa famille, il entame des études courtes à l'Institut d'enseignement commercial supérieur de Strasbourg, afin de gagner sa vie plus rapidement. A 18 ans il est employé comme ingénieur commercial dans une entreprise familiale de filature et de tissage. L'apprentissage de son métier le conduit à parcourir de nombreuses villes (Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse et Paris) dans lesquelles ils tissent des liens qui lui seront précieux dans la clandestinité.

Mobilisé à la déclaration de guerre, en 1939, comme lieutenant de réserve, Jean-Pierre Levy est démobilisé après la défaite le 24 août 1940, en zone libre. Décidé à " faire quelque chose ", n'acceptant pas la défaite, il cherche dans un premier temps à rejoindre la France libre à Londres. N'y parvenant pas, il s'installe à l'automne 1940 à Lyon, ville qui accueille alors de nombreux réfugiés, Alsaciens, en particulier. Il y dirige un atelier de fabrication de sacs (sacherie).

Refusant d'adhérer à Pétain et à la Révolution nationale* il prend contact avec quelques personnes résolues, comme lui, à agir. Il intègre ainsi le groupe lyonnais " France-Liberté " créé par Antoine Avinin, un catholique de gauche, qui distribue des tracts dénonçant Vichy et la Révolution nationale. Par son dynamisme et sa disponibilité - sa profession de cadre commercial qui voyage beaucoup lui permet, tout en couvrant ses activités clandestines, de nouer de nombreux contacts - Jean-Pierre Lévy s'impose rapidement à la tête de ce groupe. Ses relations s'étendent à la région lyonnaise et au Sud Est de la France. Il cherche alors à remplacer la diffusion de petits tracts par l'impression d'un journal de quatre pages ; en décembre 1941 est diffusé à 5000 exemplaires le premier numéro de Franc-Tireur, " Mensuel dans la mesure du possible et par la grâce de la police du Maréchal. " Au sein de ce qui devient le mouvement " Franc-Tireur " Jean-Pierre Levy est le plus jeune et le moins marqué politiquement des principaux dirigeants. Sous son impulsion, le mouvement s'élargit et recrute de nombreux militants. Fin 1941-début 1942, il entre en contact avec les chefs des autres grands mouvements de la zone Sud, en particulier Emmanuel d'Astier de " Libération-Sud " et le père Chaillet de " Témoignage chrétien ".

Parallèlement, Jean-Pierre Levy tente de développer les relations avec Londres ; il rencontre en janvier 1942 le premier représentant de de Gaulle en France, Yvon Morandat. Le 5 mai 1942 Jean-Pierre Levy participe à une réunion qui regroupe autour de Jean Moulin les trois chefs des mouvements de la zone Sud : " Libération-Sud ", " Combat " (Henri Frenay) et " Franc-Tireur ". Face au représentant de de Gaulle, chacun cherche à affirmer l'autonomie de son mouvement. Cependant, Jean-Pierre Levy se révèle être le plus conciliateur des trois, reconnaissant le premier l'autorité du général de Gaulle.

Déjà inquiété en 1941 par la police, Jean-Pierre Levy est arrêté le 24 octobre 1942 à Lyon. Une nouvelle fois il est relâché grâce à la présence d'esprit et au dévouement de sa jeune secrétaire, Francette Péjot. Celle-ci détourne les soupçons sur elle : " Francette, avec un sang-froid extraordinaire, écrira-t-il dans ses souvenirs, se précipite sur moi et me saute au cou, m'embrasse en m'appelant "mon chéri" : "J'aurais dû te le dire, à toi qui est israélite, je travaille pour la Résistance..." " (p. 86). Une nouvelle perquisition de la police chez sa mère l'oblige à changer d'identité et à entrer pleinement dans la clandestinité.

Seul responsable des mouvements de la zone Sud à ne pas avoir été accueilli à Londres par le général de Gaulle, Jean-Pierre Levy part en Angleterre en avril 1943. Une blessure à la cheville au cours d'un entraînement de parachute le contraint à rester plus longtemps que prévu à Londres. Il a le temps de connaître les rivalités qui existent parmi les Français libres, et de se rendre compte des difficultés que rencontre le général de Gaulle vis à vis des Alliés. C'est à Londres qu'il prend connaissance de l'arrestation de Jean Moulin.

Impatient de retrouver son mouvement, Jean-Pierre Levy retourne le 25 juillet 1943 en France et s'installe dans la banlieue lyonnaise, à Villeurbanne. A cette époque il apprend l'arrestation de sa soeur, Denise, internée avec son mari et son enfant à Drancy, puis déportée sans retour à Auschwitz. Au cours d'un séjour à Paris, où il participe aux réunions du Comité directeur des MUR* (Mouvements Unis de la Résistance), Jean-Pierre Levy est arrêté par la Brigade Spéciale de la police parisienne le 16 octobre 1943 : il est incarcéré à la prison de la Santé parmi les droits communs. Une première tentative organisée par les groupes francs de Serge Ravanel pour le faire évader échoue en janvier 1944. Une seconde tentative le libère définitivement le 11 juin 1944. Toutefois, éloigné par son séjour à Londres et par son emprisonnement, Jean-Pierre Levy ne retrouve plus les responsabilités qu'il avait au sein de son mouvement. Il s'adapte difficilement à une Résistance qui, écrira-t-il dans ses mémoires, " s'institutionnalise ". Le 24 août 1944 il participe aux côtés du général de Gaulle à la libération de Paris et à la descente symbolique des Champs Elysées, en tant que chef d'un des grands mouvements de la Résistance intérieure.

Après la Libération, Jean-Pierre Levy n'accède à aucune responsabilité politique, entame une longue carrière comme haut fonctionnaire, et s'engage dans des oeuvres sociales et caritatives, an particulier au COSOR (Comité des oeuvres sociales de la Résistance), organisme créé par le père Chaillet en 1944 et dont Jean-Pierre Levy devient le président en 1972. Compagnon de la Libération et vice-président de la Fondation de la Résistance, il est décédé en 1996.

Bibliographie

• VEILLON (Dominique), Le Franc-Tireur. Un journal clandestin, un mouvement de Résistance, 1940-1944, Paris, Flammarion, 1977, 428 pages.
• LEVY (Jean-Pierre) [avec la collaboration de Dominique Veillon], Mémoires d'un franc-tireur. Itinéraire d'un résistant (1940-1944), Paris, Editions Complexe - CNRS - IHTP, 1998, 177 pages.
• DOUZOU (Laurent), " L'entrée en résistance ", in PROST (Antoine) [s.d.], La Résistance, une histoire sociale, Paris, Les Editions de l'Atelier, 1997, pp. 9-20.

Archives de la Fondation de la Résistance

• " Jean-Pierre Levy " par Dominique Veillon, IHTP-CNRS, 4 pages dactylographiées.
• " Articles retraçant la vie de Jean-Pierre Levy ", dossier établi à l'occasion de la cérémonie d'hommage rendue par la Fondation de la Résistance à Jean-Pierre Levy.
• Hommages rendus dans les numéros 10, 11 et 12 de la Lettre de la Fondation de la Résistance.

Sites Internet

• Biographie proposée par le Musée de l'Ordre de la Libération
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/604.html

• Compte-rendu de lecture des mémoires de Jean-Pierre Lévy sur le site des "Clionautes"
http://www2.h-net.msu.edu/~francais/levy.htm

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