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Henri BAILLY


(1920-1993)
Mouvement Combat
Forces Unies de la Jeunesse


Né à Paris le 31 mai 1920, dans une famille modeste dont le père était chauffeur de taxi Henri Guerchon-Bailly ne peut faire que 2 années d’école primaire supérieure après son certificat d’études. Il commence à travailler à 14 ans comme employé d’une compagnie d’assurances parisienne « La paternelle » dont il gravit rapidement les échelons hiérarchiques, devenant successivement archiviste, préparateur de contrats, aide-examinateur, puis guichetier.

Dès le début de l’Occupation allemande, il s’engage dans la Résistance. En 1941, il est arrêté une première fois par la police de Vichy qui l’emprisonne pour 6 mois. Une fois libre, il quitte la région parisienne et gagne Lyon à l’automne 1942 où il est employé à la délégation de la compagnie d’assurances « La France ».

À cette époque, le mouvement « Combat » est en plein développement dans le département du Rhône, autour d’André Plaisantin qui a besoin de dirigeants pour encadrer cette recrudescence d’activités. Henri Bailly tombe à point nommé. Son expérience et son sens de l’organisation vont rapidement l’amener à devenir un des responsables de « Combat » pour la région lyonnaise. Il commence par être l’adjoint de Vincent Planque lorsque celui-ci est responsable du groupe des jeunes de l’organisation. Par la suite, il assiste Paul Girin au Recrutement Organisation Propagande (ROP). Après la mise en place des Forces Unies de la Jeunesse à l’automne 1942, Henri Bailly est membre du comité directeur de cette nouvelle organisation. À la suite de l’arrestation de Vincent Planque par Klaus Barbie en avril 1943, il devient, avec Louis Rigal, le responsable national des Forces Unies de la Jeunesse. Henri Bailly est arrêté pour la deuxième fois en juillet 1943 à Crémieu (Isère). Relâché, il gagne la zone Nord.

Le 3 juin 1944 à Paris, il est arrêté à nouveau par la Gestapo. Il est emprisonné puis déporté à Buchenwald tandis que son père, sa mère et son frère sont déportés et assassinés à Auschwitz. À son retour de déportation bien qu’affaibli physiquement, il décide de continuer à servir la France. Dès 1946, il est volontaire pour les missions de rapatriement en Allemagne, puis il est mis à la disposition de la direction des personnes déplacées sur le territoire ennemi.

De 1947 à 1948, il est attaché au cabinet du ministre des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. En 1948, il devient fonctionnaire de l’Organisation Internationale pour les Réfugiés, il dirige le service des rapports et des statistiques du land de Rhénanie-Palatinat, poste qu’il cumule avec celui de chef du service administratif des transports et de l’assistance aux réfugiés. De 1958 à 1981, il est rattaché à tous les cabinets des ministres successifs des Anciens Combattants, et notamment à celui d’Edmond Michelet, dont il fut l’ami et le confident. C’est pourquoi, en son hommage il crée et organise avec générosité et dévouement le « challenge Edmond Michelet » jusqu’à en 1993. Il s’agissait, d’épreuves sportives destinées à de jeunes déshérités afin de favoriser leur insertion ou leur réinsertion dans le milieu social.

Sa carrière ne lui fait pas pour autant oublier ses camarades de Résistance et de Déportation. Aux côtés du général Jean Ginas, son président-fondateur, il ne tarde pas à animer, puis à diriger en tant que secrétaire général la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance, poste qu’il occupera jusqu’à son décès. Henri Bailly a été indiscutablement l’inspirateur du «Prix de la Résistance», préfiguration de ce qui est devenu aujourd’hui le Concours National de la Résistance et de la Déportation qu’il réussit avec le général Jean Ginas à faire institutionnaliser en 1961. En novembre 1955, la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance réunie en Assemblée Générale Ordinaire, à Paris, adopte une motion qui demande notamment « aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures nécessaires à la rénovation de l’enseignement civique et moral à tous les degrés de I’Éducation nationale » et appelle « toutes les Unions départementales à promouvoir l’organisation d’un prix de civisme et de morale devant récompenser les élèves des établissements scolaires qui se seront distingués dans l’étude des questions civiques et morales. »

Cette motion a été à l'origine de la création, dans un certain nombre de départements, du «Prix de la Résistance». En mai 1958, lors du 3e Congrès national à Lyon, le général Jean Ginas, constatant qu’il n’existait qu’une trentaine de prix départementaux, demanda aux Unions départementales de généraliser, dans toute la France, l’organisation de ces prix et réclama la création d’un «Prix National de la Résistance». Henri Bailly en fit adopter le principe avec toute sa force de conviction en soulignant qu’il ne s’agissait pas de glorifier des faits d’armes ou de rallumer des haines mais de contribuer à la formation civique des jeunes en les invitant à réfléchir sur les combats des résistants et sur le martyre des déportés.

Toujours attaché à perpétuer la mémoire des sacrifices consentis par les résistants, et devant le succès croissant du Concours National de la Résistance et de la Déportation, il s’efforce de rassembler les lauréats nationaux pour qu’ils deviennent avec la confédération des porteurs de mémoire de la Résistance. Henri Bailly est décédé le 15 février 1993.

Il était commandeur de la Légion d’honneur, grand officier de l’Ordre national du Mérite. Il était également titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec palmes, de la médaille de la Résistance avec rosette et de la médaille des Évadés. C’est en ces termes qu’André Jarrot rendait hommage à Henri Bailly (1) . « Cet homme d’humble origine (…)s’était forgé sur l’enclume de la vie. Il y avait en lui de l’audace et du non-conformisme associés à une merveilleuse générosité. C’était un combattant au sens propre du terme, toujours prêt à en découdre, n’ayant peur de rien, un homme passionné à qui les rudes épreuves d’une existence tumultueuse avaient donné un humour acide en même temps qu’une aptitude littéralement inépuisable à nouer des relations sociales. Bref, Henri Bailly était une grande âme, forte, taillée à coups de serpe, et un cœur toujours disposé à s’enflammer pour les nobles causes. »

Frantz Malassis

(1) « Hommage à Henri Bailly » in Écho de La Résistance. Revue de la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance n°379, 1993, page 1.