André BOLLIER

Mouvement Libération nationale. Mouvement Combat.

1920-1944

André Bollier est né à Paris le 30 mai 1920, d’un père originaire de Suisse et d’une mère née aux États-Unis. Tout en restant Suisse, il devient Français en 1927 et, du fait de ses brillants résultats scolaires, quitte le collège d’Arsonval de Saint-Maur pour le lycée Janson de Sailly à Paris. Après avoir été primé au concours général de mathématiques et de physique en 1936, il est reçu sixième à l’École polytechnique en 1938, à juste dix-huit ans. Comme la guerre survient à la fin de sa première année d’études, il subit une formation accélérée et devient sous-lieutenant d’artillerie en février 1940. Il est alors affecté au 68e Régiment d’artillerie divisionnaire stationné en Alsace et, après quelques mois de « drôle de guerre », combat avec énergie. Il est grièvement blessé le 21 juin 1940 au cours d’une liaison à motocyclette. Fait prisonnier, il est sauvé par un médecin allemand, puis libéré à la fin de septembre 1940.

Il réintègre Polytechnique à Lyon pour y achever sa deuxième année et dès le printemps 1941, participe à la fabrication et à la distribution du journal clandestin Les Petites Ailes du mouvement Libération nationale, préfiguration du mouvement Combat, créé par Henri Frenay. Sorti quatrième de l’X, il se consacre bientôt autant à son poste d’ingénieur aux Câbles de Lyon qu’à la Résistance. Marqué par sa blessure qui l’a rendu sensible à la fragilité de sa vie, André Bollier se marie en avril 1942 avec Noëlle Benoit qu’il avait rencontrée en janvier 1939 et qui accepte les dangers de sa double vie. Le 24 décembre 1942, il organise et réalise, avec deux camarades, l’évasion de Berty Albrecht, de l’hôpital de Bron.

L’accident d’un camion chargé de journaux de la Résistance provoque son arrestation le 30 décembre 1942, mais il s’échappe aussitôt de la gendarmerie et devient clandestin. Il doit quitter son emploi et sa femme, enceinte, se met en sécurité chez sa mère dans le midi. Il prend alors les pseudonymes de « Carton » puis de « Vélin » et crée un réseau d’imprimeurs et de distributeurs qui rayonne dans toute la zone Sud. En juillet 1943, il crée un atelier clandestin rue Viala, à Lyon, qu’il appelle « Bureau de recherches géodésiques et géophysiques ». Il y installe une grosse machine qu’il a démontée puis remontée lui-même et doit se rendre clandestinement à Paris tous les mois pour les réunions de rédaction du journal. Au début de l’année 1944, il imprime avec son équipe plus d’un million de journaux et de tracts par mois pour Combat et d’autres mouvements de Résistance.

Le 8 mars 1944, André Bollier est arrêté par la Gestapo à Lyon, interné au Fort Montluc et torturé par Klaus Barbie chaque semaine à l’École de santé militaire. Sachant qu’il allait être exécuté, il parvient à tromper sa sentinelle et à s’évader le 2 mai 1944 en se glissant à travers un vasistas entr’ouvert. Loin de se mettre à l’abri, il reprend aussitôt ses activités et accueille avec enthousiasme le débarquement de Normandie. Le 17 juin 1944, il est surpris dans l’attaque de son imprimerie par la Milice puis par les Allemands. Il engage la lutte, perd deux de ses camarades mais parvient s’échapper avec son assistante. Ils sont tous deux blessés par balle un peu plus loin : son assistante survivra mais il se tire une balle en plein cœur pour ne pas être pris vivant.

André Bollier a été fait Compagnon de la Libération par décret du 20 janvier 1946. Il a reçu la médaille de la Résistance française avec rosette, a été fait chevalier de la Légion d’honneur et est titulaire de la croix de Guerre 1939-1945 avec trois citations. Sa veuve, Noëlle Bollier, est devenue professeur de l’Éducation nationale, a élevé seule leurs deux enfants et a reçu la Légion d’honneur en janvier 2006.

Vianney Bollier

Bibliographie:
Vianney Bollier, André Bollier « Vélin ». Artisan héroïque des journaux clandestins (1920-1944).
Paris, édition du Félin, coll. Résistance Liberté-Mémoire, 2023.