Rechercher dans le site :
Actualit�sLettre d'informationContactPlan du siteSummaryMarquer cette page

Concours de la meilleure photographie d'un lieu de Mémoire

Tous les palmarès

Palmarès du Concours de la meilleure photographie d'un lieu de Mémoire.

En 2014, 52 photographies ont été adressées au jury du Concours de la meilleure photographie d'un lieu de Mémoire qui au terme d'un examen attentif a décerné trois prix et une mention à l'occasion de cette seizième édition.

En 1998, le Concours de la meilleure photographie d'un lieu de Mémoire est né du constat que de nombreux candidats du Concours national de la Résistance et de la Déportation étaient amenés à prendre des photographies de lieux de Mémoire lors de visites préparatoires sans qu'elles soient systématiquement valorisées dans ce cadre.

L'idée de ce concours était donc d'offrir aux élèves la possibilité d'exprimer leur sensibilité aux aspects artistiques et architecturaux des lieux de Mémoire relatifs à la Résistance intérieure et extérieure, à l'internement et à la Déportation situés en France ou à l'étranger au travers de la technique photographique.

Depuis lors, les Fondations de la Résistance, pour la Mémoire de la Déportation et Charles de Gaulle organisent chaque année, après les résultats du Concours national de la Résistance et de la Déportation, le concours de la meilleure photographie d'un lieu de Mémoire.

Réuni le mercredi 22 octobre dernier au 30, boulevard des Invalides (Paris VIIe), le jury présidé, pour cette seizième édition, par François Archambault, secrétaire général de la Fondation de la Résistance, avait à choisir entre 52 photographies présentées par 49 candidats(1).

Cette année, encore, le jury a dû écarter un certain nombre de travaux qui n'étaient pas conformes au règlement. Ainsi, trois candidats ont présenté deux photographies ce qui est contraire à l'article 4 du règlement. En l'absence d'indication pour deux d'entre eux le jury a donc décidé écarter un de leur cliché. Au final, le jury a donc examiné 49 photographies.

Au terme d'un examen minutieux des réalisations et de nombreux échanges entre les membres du jury (3), le palmarès du concours 2013-2014 a été proclamé.

Le jury a souligné que la qualité artistique des oeuvres reçues ne peut qu'inciter à promouvoir plus largement ce concours. À ce titre, il faut rappeler le soutien précieux apporté par l'Association des professeurs d'Histoire Géographie (APHG), qui par le biais de sa revue Historiens et Géographes, a diffusé auprès des enseignants du secondaire les informations concernant ce concours.

Frantz Malassis

 

(1) Ce concours a concerné 33 collégiens et 16 lycéens (38 filles et 11 garçons) de 15 établissements scolaires (4 lycées, 2 lycées professionnels et 9 collèges).

Les 14 départements d'origine des travaux, dont on a fait figurer entre parenthèses le nombre de candidats pour chacun d'entre eux sont : les Alpes de Haute-Provence (1), l'Ariège (2), les Bouches-du-Rhône (9), la Charente (6), le Cher (1), le Gard (1), le Jura (1), le Loiret (12), la Nièvre (3), la Moselle (1), la Haute-Savoie (1), la Seine-Maritime (2), les Hauts-de-Seine (1), la Seine-Saint-Denis (8).

(2) Les membres de ce jury sont : Aleth Briat, de l'Association des professeurs d'Histoire Géographie (APHG) ; Christine Levisse-Touzé, directeur du Musée du maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean Moulin ; François Archambault, secrétaire général de la Fondation de la Résistance ; Serge Chupin, de l'Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation ; Yves Lescure, directeur général de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation ; Frantz Malassis, chef du département documentation et publications à la Fondation de la Résistance ; Jacques Moalic, résistant-déporté ; Jacques Ostier, conseiller en illustration; un membre du conseil d'administration de la Fondation Charles de Gaulle ; Vladimir Trouplin, conservateur du musée de l'Ordre de la Libération et le lauréat du concours précédent.

Les lieux de mémoire photographiés en 2013-2014

Sur l'ensemble des 52 photographies présentées cette année, 36 (soit 69%) ont été prises dans 10 départements français et 16 à l'étranger (soit 31 %).

En France :

- Ariège : le monument national des Guérilleros de Prayols (1), le monument des cinq figures colossales de Croquié (1).

- Bouches-du-Rhône : le camp des Milles (2), le mémorial Jean Moulin de Salon-de-Provence (6), le mémorial du Val de Cuech à Salon-de-Provence (1).

- Calvados : le cimetière américain de Colleville-sur-Mer (3), les batteries de Longues-sur-Mer (1), la plage d'Arromanches (1), la pointe du Hoc (2).

- Drôme : la nécropole de Vassieux-en-Vercors (1).

- Gard : le monument à Roquemaure en mémoire du passage du train de déportés à destination de Dachau le 17 août 1944 (1).

- Jura : un photomontage réalisé à partir d'un paysage et d'un monument pris à Prémanon (1).

- Bas-Rhin : le camp de concentration de Natzweiler-Struthof (5).

- Paris : la crypte du Mémorial de la Shoah (1).

- Haute-Vienne : le village d'Oradour-sur-Glane (7).

- Hauts-de-Seine : la clairière des fusillés au Mont-Valérien (1), le monument à la mémoire des martyrs de la Résistance et de la Déportation à Puteaux (1).

 

À l'étranger :

- Pologne : le camp et le musée d'Auschwitz (12), la place des héros du ghetto dans le quartier de Podgorze à Cracovie (2), le cimetière de la synagogue Rémuh de Cracovie (1), une plaque sur le mur du ghetto de Cracovie (1).

Les chiffres entre parenthèses correspondent au nombre de photographies pour le lieu concerné.

 

Le premier prix a été décerné à Thomas ARAUD, élève de troisième au collège du Sabarthès à Tarascon-sur-Ariège (Ariège) pour son cliché représentant le monument des cinq figures colossales de Croquié situé sur la commune de Mercus-Garrabet (Ariège).

Un commentaire présentant sa recherche créative était joint:

« Lorsque j'ai eu à choisir un lieu à photographier pour ce concours, rapidement, mon choix s'est porté sur les cinq figures colossales érigées en hommage aux résistants morts au combat et qui constituaient le petit maquis de Croquié, non loin de la commune de Mercus (à laquelle le hameau de Croquié appartient). Ce monument, composé de cinq statues anonymes, aux silhouettes d'hommes et de femmes symbolise à mes yeux ce qu'a pu être la Résistance. En effet, entre 1942 et 1944, quelques combattants de la liberté se sont cachés en altitude à 1 200 mètres pour mener la lutte contre l'Occupant. La taille réduite de ce maquis me fait dire que le moindre geste contre les nazis et les autorités de Vichy a contribué à la Libération. La Résistance est pour moi l'addition des grands actes de Résistance et des actes moins spectaculaires, mais déterminants. Le maquis de Croquié se joint à d'autres maquis à la fin de la guerre et paie un lourd tribut dans les combats. J'ai pris ma photographie au tout début du printemps, fin mars, mais sur le site, les marques de l'hiver étaient encore un peu présentes, avec cette neige commençant à fondre. L'ambiance est encore glaciale, mais on sait que la douceur est sur le point de faire son retour. J'y trouve là une métaphore de la Résistance et de la Libération : après le Débarquement, la victoire (le printemps) semblait proche, ou en tout cas accessible, mais les combats de la Libération ont encore fait un grand nombre de victimes (l'hiver). C'est à ces victimes que les cinq figures de Croquié rendent hommage, car les inscriptions sur le monument appellent à la mémoire de toutes et tous les Résistants. Ces silhouettes anonymes, qui dominent la vallée, semblent donc encore la protéger, veiller sur elle. Ainsi, au-delà de l'hommage, tourné vers le passé, le monument invite à la vigilance, tournée elle vers le présent et l'avenir. »

 

Le deuxième prix est revenu à Lucas MOREAU, élève de troisième au collège Le Mont Chatelet à Varzy (Nièvre) pour son cliché " Un voyage dans la mémoire à Birkenau " pris lors d'une visite du camp d'Auschwitz-Birkenau en avril 2013.

Ce candidat a accompagné sa création de réflexions que lui inspira cette visite :

«  Depuis longtemps, mon père m'a fait prendre conscience des drames de l'histoire et de tous ses travers, les guerres etc.

En 3e on étudie la Seconde Guerre mondiale et notamment le génocide des Juifs alors quand mon professeur a projeté ce voyage à Auschwitz et Birkenau, ça a été une immense ferveur que de savoir que j'allais pouvoir me confronter à une des pages les plus sombres de l'histoire du monde.

Raisonnablement, je ne suis pas sorti indemne de tout cela, ma photographie tente de le transcrire. Cette voie ferrée en cul de sac, en sens unique pour tous les déportés, je l'arpente avec respect, avec recueillement mais aussi avec une pointe d'horreur en imaginant toutes les souffrances qui y ont eu cours.

Je repense aux discussions avec mon père, avec mon grand-père à ce sujet et c'est comme si je sentais un peu du poids de l'Histoire sur mes épaules et ça donne une drôle de sensation.

Le camp de Birkenau est balayé par le vent, il ne fait pas froid mais on imagine.

Imaginer, c'est le sens de toute cette visite que cette photo illustre : parcourir les blocks, les baraques, les latrines, les châlits, les espaces entre les baraques couvertes par une herbe qui n'existait pas pendant la guerre, arpenter cette voie ferrée et imaginer.

Imaginer cette horreur et cette souffrance et puis espérer.

Espérer que cela ne se passera plus jamais. »

Ce candidat nous a également fourni des éléments de compréhension de sa démarche artistique guidant la réalisation de son cliché en noir et blanc :

«  Les rails sont comme un prolongement de l'Histoire avec une dimension de transmission, renforcée par cet individu qui marche sur les rails. La photographie est un peu penchée car je voulais montrer les travers de l'Histoire, son côté sombre.J'ai enfin choisi l'effet " ancien film " sur mon appareil photo pour se replacer dans le contexte de la guerre, je trouvais que " vieillir" la photographie lui donnait davantage de sens.  »

 

Le troisième prix a été attribué àMathilde LAURENT, élève de seconde au lycée Louis Lachenal à Pringy (Haute-Savoie) pour sa photographie de la potence du camp de concentration du Natzweiler-Struthof.

« Cette photo a été prise lors de mon passage au Struthof, alors que mon esprit était assiégé par les images que ce lieu de mémoire peut ramener à votre tête... Je ne saurai jamais si elles étaient réelles mais ce qui est sûr, c'est qu'en ces lieux, il est très dur d'imaginer juste ce que tous ont pu vivre... Il est difficile de se dire que sur ces mêmes pierres usées ont marché des hommes comme nous, que ce paysage, nous ne sommes pas les premiers à l'avoir vu, que cette poutre de bois en a vu passer plus d'un...

J'ai voulu montrer sur cette photo en quoi leur vie dans ces endroits pouvait se résumer en si peu de choses... Ce n'est pas l'horreur qu'il faut y lire, mais la libération : la libération de tant de douleur, de haine et de souffrances! Car dans ces conditions, lorsque l'espoir vient à disparaître, c'est souvent par ce moyen que les Hommes préféraient partir... Ils partaient fiers d'avoir tenu, même une semaine, un mois, un an, mais surtout, ils partaient en se sentant libres! Ce combat pour la liberté les avait amenés ici, il était normal que ce soit cette même liberté qui les en fasse partir.

Ils n'étaient pas au front, mais ils ont mené leur propre combat sur leur propre champ de bataille!

L'espoir y est partout présent : dans les couleurs des arbres, où les feuilles jaunes, orange et rouges contrastent avec le gris de la potence. Ces couleurs sont des symboles d'espoir et donnent aussi un peu de chaleur à la scène... La potence contraste avec le paysage apaisé et serein. Quant à la tour de garde, elle enserre avec la potence, ce paysage d'automne, symbole de liberté à jamais perdue par beaucoup de prisonniers.  »

Cette élève a accompagné sa création d'un poème traduisant son émotion.

La Guerre, Lager

Où sont passées les belles couleurs de leurs joues
Celles qu'ils avaient prises durant l'été?
Ils sont rangés sans bouger, là, debouts
A attendre que leurs dés soient jetés

Un faible vent fait frémir la foule
Mais ce ne sont plus leurs cheveux qui volent
Ce sont leur corps frêles agités par la houle
Qui se tournent face au soleil comme des tournesols

L'enfant à l'habit trop grand d'un adulte
La femme a la tête rasée d'un homme
Et l'homme ne fait pas de bruit, plus de tumulte
L'identité perdue définit maintenant sa personne

Leurs bras ont perdu leurs muscles et leur puissance
L'addition de toutes les souffrances fait du dégât
La plupart sortent à peine de l'adolescence
Seraient-ils devenus de beaux et grands soldats?

Ils n'ont plus que la peau sur les os
La marmitte qu'ils portent fait tant de fois leur poids
Nombreux sont déjà oubliés dans la fosse

Combien de temps ont-ils tenu? Un jour? Un mois?

Derrière chaque squelette reste une existence
Que faisaient-ils avant de se retrouver là?
Tout a commencé par un peu de résistance
Résister face à l'oppression, face aux soldats

Maintenant qu'il est là, tout au bout de la corde
Il sait que toute sa vie n'a tenu qu'à un fil
Il garde sa dignité face à toute la horde
Son corps sera bientôt entassé sur la pile

Il représente son corps mais aussi tout le monde
Ce n'est qu'une personne parmi tant d'autres
Il sait qu'ils ont été nombreux à la prendre
Et aujourd'hui voilà que c'est son propre tour

Il n'a rien fait pourtant, avant qu'on ne l'attrape
Il n'a rien fait pourtant juste quelques petits riens
Il a tout fait pourtant, il sent qu'on ouvre la trappe
Il a tout fait, maintenant il veut juste la fin.

 

Une mention spéciale du jury a été décernée à Manon FOUCAT, élève de troisième au collège Louis Pasteur à Villemomble (Seine-Saint-Denis) pour sa photographie prise à la Pointe du Hoc(Calvados).

Voici son texte d'accompagnement :

« Le 5 mars 2014, nous avons eu la chance, dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation, d'aller au Mémorial de Caen et de faire un circuit du souvenir sur les plages du Débarquement. Nous avons pu aller sur la Pointe du Hoc, où le 6 juin 1944, des Rangers ont pris d'assaut ce lieu, croyant y trouver des batteries allemandes alors que celles-ci avaient été déplacées quelques jours auparavant. Les pertes américaines furent effroyables, d'autant que ces soldats avaient dû grimper d'imposantes falaises. J'ai choisi de faire cette photo en prenant en gros plan les barbelés, sur le flou de la falaise et de la mer par où sont arrivés les Américains. »