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Radio-Londres 1940-1944 Les voix de la liberté


Aurélie Luneau
Edition Perrin, 2005, 354 pages

Ils s'appelaient Pierre Bourdan, Jacques Duchesne, Jean Marin, Jean Oberlé. Ce sont eux et quelques autres, qui avec Maurice Schumann soutiendront le moral des Français, s'élèveront contre la propagande allemande et informeront leurs compatriotes à partir de Londres où pendant quatre longues années ils seront " les voix de la Liberté ". C'est l'histoire de Radio Londres et de ces hommes qu'Aurélie Luneau a écrit aux éditions Perrin dans un livre qu'accompagne un CD qui fait revivre ces voix, les infos de la BBC, les fameux messages codés et personnels que recevaient les résistants, en un mot : ces années là. La Seconde Guerre mondiale voit naître un nouveau champ de bataille : celui des ondes hertziennes. " En période de guerre les mots sont des armes " avait prophétisé Hitler, si pendant la " drôle de guerre " l'Allemagne avait montré son efficacité à se servir de cette arme radiophonique, tout au long du conflit, la BBC saura se transformer en une " radio de combat " et gagner la bataille des ondes. Pour les Français de Londres tout avait commencé le 18 juin où comme l'écrira plus tard Charles de Gaulle " La première chose à faire était de hisser les couleurs. La radio s'offrait pour cela ". Le Général, " une voix sans visage ", pour l'immense majorité des Français et une petite communauté d'hommes déterminés à se battre aux côtés des Anglais, vont de 1940 à 1944 maintenir le lien avec la population française, pour qui écouter la BBC allait faire partie du quotidien. Deux équipes s'attelèrent à cette tâche : celle dirigée par Jacques Duchesne, sous contrôle britannique, dont le programme " Les Français parlent aux Français " devint rapidement célèbre, et celle relevant du général de Gaulle, qui n'intervenait, que dans les grandes occasions (67 fois) et dont son porte-parole, Maurice Schumann, qui parla plus de mille fois, prit les rênes de l'émission " Honneur et patrie ". L'auteur nous montre comment cette " arme radiophonique " que fut la BBC sut pénétrer les foyers français grâce aux équipes de Londres qui apportaient, avec leurs " voix affectueuses ", du baume au coeur à ces foyers en fustigeant la collaboration, les traîtres et en la tenant informée des combats, avec pour règle : lui faire confiance et ne pas camoufler la vérité. Dans cette guerre des ondes, les armes étaient : des mots où l'humour corrosif d'un Pierre Dac faisait merveille, des slogans comme ceux imaginés autour du signe " rayonnant " que signifiait le " V ", des croisades comme celle contre " la relève ". En France la réponse des Allemands et de Vichy fut le brouillage, la confiscation des postes, des programmes radio qui combinaient propagande et divertissement servis par quelques talents dévoyés, comme celui de Philippe Henriot exécuté par la Résistance en juin 1944, et une omniprésente répression. Au rythme des relations, des désaccords, voir des susceptibilités entre le chef de la France Libre et les Anglo-américains des tensions se firent jour pour le contrôle et l'utilisation de la BBC par les Français, plusieurs allocutions du Général furent interdites, heureusement à chaque fois la confiance revenait. L'auteur rappelle aussi que d'autres " voix de la Liberté " se faisaient entendre depuis la très gaulliste Radio Brazzaville, puis après juin 1943 sur Radio Alger, surtout quand l'atmosphère de la capitale anglaise se faisait pesante. Fin 1943 trois auditeurs français sur quatre étaient devenus " BBCistes " c'est dire le rôle considérable que jouèrent dans la Résistance et la Libération de la France " ces voix de Radio Londres ".

Août 1944, pour Radio Paris et Radio Vichy c'est la fin de l'histoire, tandis que tout simplement la BBC y fait son entrée, que son mythe prend forme, " et avec lui, l'image et le souvenir sublimés d'une radio de la liberté. "

Jean Novosseloff