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Alain DE BOISSIEU


(1914-2006)
Source:Musée de l'Ordre de la Libération
Source:Musée de l'Ordre de la Libération

Le général Alain de Boissieu, un des rares officiers à s'être évadé d'Allemagne par l'URSS pour rallier le général de Gaulle, est décédé le 5 avril dernier.Gendre du général de Gaulle qu'il sauva lors de l'attentat du Petit Clamart, chancelier de l'Ordre de la Libération, Alain de Boissieu siégeait au conseil d'administration de la Fondation de la Résistance.

Alain de Boissieu Dean de Luigné est né le 5 juillet 1914 à Chartres (Eure-et-Loir).En octobre 1936, après des études classiques, il embrasse la carrière militaire et entre à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr d'où il sort dans la promotion « Soldat Inconnu ». En 1938, il poursuit sa formation militaire à l'École d'application de la cavalerie de Saumur.

Lors de la déclaration de guerre, le sous-lieutenant de Boissieu sert au groupe de reconnaissance de la 10e division d'infanterie (15e GRDI). Chef de peloton de canons antichars, il arrête une attaque ennemie, le 11 juin 1940, au nord d'Époye (Marne), détruisant trois blindés. Encerclé dans un bois par les Allemands, voulant sauver de la capture ses canons antichars, Alain de Boissieu décide de rassembler tous les cavaliers sous ses ordres et d'attaquer au sabre les Allemands qui surveillent les sorties en direction de la plaine. Il va alors mener avec succès une des ultimes  charges de la cavalerie française.

Fait prisonnier le 12 juin dans une embuscade allemande près du mont Cornillet, c'est en Belgique, le 19 juin, qu'au cours d'un transfert, il prend connaissance de l'Appel du général de Gaulle, « premier jalon sur une longue route... Celle de la revanche et du renouveau ». Il tente alors de s'évader du train qui le mène en Allemagne.Promu lieutenant en septembre 1940 pendant sa captivité, il s'évade de Poméranie en mars 1941 et gagne l'URSS où il est interné, après avoir demandé à rejoindre le général de Gaulle.

L'offensive allemande contre l'Union soviétique joue en sa faveur ainsi que celle d'autres internés français, rassemblés dans un camp à Mitchourine au sud de Moscou. Les Soviétiques maintenant alliés des Britanniques leur permettent enfin de rejoindre les Forces Françaises Libres. Avec 185 camarades, emmenés par le capitaine Billotte, Alain de Boissieu parvient à rejoindre, par Arkhangelsk et le Spitzberg, l'Angleterre où il signe son engagement dans les FFL en septembre 1941.

Servant à l'État-major particulier du général de Gaulle à Londres, il suit un entraînement de parachutiste et de commando, le général de Gaulle ayant l'intention de l'envoyer en France pour chercher des cadres désirant servir dans les FFL. Puis il prend part aux opérations de Bayonne à Pâques 1942 et au raid sur Dieppe en août 1942.En décembre 1942, le capitaine de Boissieu est envoyé en mission dans l'Océan Indien. Il participe alors aux opérations du rétablissement de l'autorité française à Madagascar et à Djibouti.En mars 1943, sur sa demande, il rejoint, en Tunisie, le général Leclerc qu'il ne quittera plus jusqu'à la fin de la guerre. En février 1944, il est affecté au commandement de l'escadron de protection du général Leclerc et du PC avancé de la 2Division blindée (2e DB).

Débarqué en Normandie le 30 juillet 1944, blessé le 12 août, il se distingue lors des combats de la forêt d'Écouves en réduisant une résistance blindée allemande. Il fait de même à Paris, le 25 août 1944, où, avec deux de ses pelotons de chars, il contient des blindés allemands qui, retranchés dans les jardins du Luxembourg, devaient attaquer le PC du général Leclerc resté sans protection à Montparnasse. Il leur empêche toute sortie et obtient leur capitulation.

Après les combats d'Alsace, avec la 2 e DB, il entre au cœur du III e Reich et, le 4 mai 1945, atteint le nid d'aigle d'Hitler à Berchtesgaden où il découvre un exemplaire en allemand de Vers l'armée de métier annoté de la main du führer. Malheureusement, un soldat américain de garde au berghof lui empêche de conserver ce livre et le jette dans un brasero.

En juin 1945, Alain de Boissieu entre au cabinet militaire du général de Gaulle à Paris dont il devient le gendre en épousant le 3 janvier 1946 sa fille Elisabeth et, le 18 janvier, devient compagnon de la Libération.

Par la suite, il est, entre autres, affecté au secrétariat de la Défense nationale en Afrique Équatoriale Française à Brazzaville (1947-1949) puis à l'État-major de la Zone stratégique d'Afrique centrale (1952-1953) à Dakar.Ayant demandé un commandement en Algérie, il est placé, en juin 1956, à la tête du 4e Chasseurs dans le Constantinois.Promu colonel en septembre 1958, il devient directeur du cabinet militaire du délégué général du gouvernement de Paul Delouvrier et du général Maurice Challe, commandant en chef en Algérie.En octobre 1959 il rejoint à Paris l'Inspection générale de l'Arme blindée et de la Cavalerie comme chef d'État-major.

Le colonel de Boissieu commande alors la 2e Brigade blindée à Saint-Germain-en-Laye (1962-1964) et, promu général de brigade, reçoit le commandement de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr et de l'École militaire interarmes de Coëtquidan (1964 -1967) comme lui avait prédit le général de Gaulle à Londres à l'automne 1941.Le général de Boissieu commande ensuite pendant deux ans la 7e Division mécanisée à Mulhouse avant d'être nommé Inspecteur de l'Arme Blindée-Cavalerie et membre du Conseil supérieur de la Guerre (1969-1971).

Général d'armée en 1971, il exerce les fonctions de chef d'État-major de l'Armée de Terre jusqu'en 1975.Grand chancelier de la Légion d'honneur et chancelier de l'Ordre national du Mérite de 1975 à 1981, le général d'armée Alain de Boissieu est nommé, en 2002, chancelier de l'Ordre de la Libération.

Le général Alain de Boissieu est inhumé à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne) après qu'un hommage national lui fut rendu aux Invalides en présence du Président de la République.

Frantz Malassis

 

Sources :

Cet article a été établi d'après la biographie en ligne sur le site Internet du musée de l'Ordre de la Libération dont nous tenons ici à remercier son conservateur M. Vladimir Trouplin.

Pour en savoir plus, nous vous conseillons la lecture des mémoires en deux volumes d'Alain de Boissieu : Pour combattre avec de Gaulle. 1940-1946  et Pour servir le Général. 1946-1970 parues chez Plon en 1981 et 1982.