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Louis CORTOT


(1925-2017) Organisation spéciale, Francs-Tireurs et Partisans.
Le 18 juin 2016, dans les jardins de la chancellerie et du musée de l’Ordre de la Libération à Paris, Louis Cortot assistait à la réception en hommage aux Compagnons de la Libération.
Photo Michel Pourny.
Le 18 juin 2016, dans les jardins de la chancellerie et du musée de l’Ordre de la Libération à Paris, Louis Cortot assistait à la réception en hommage aux Compagnons de la Libération.
Photo Michel Pourny.


Compagnon de la Libération, Louis Cortot avait commencé sa Résistance très jeune. En souvenir de son engagement et de ses camarades tombés durant la clandestinité, il transmettait sans relâche et avec une grande simplicité les valeurs de la Résistance à la jeunesse en qui il plaçait tous ses espoirs.

Louis Cortot est né le 26 mars 1925 à Sombernon (Côte d'Or) dans une famille républicaine - son arrière-grand-père avait été arrêté pour ses idées sous Louis-Philippe et déporté à Cayenne - marquée par la guerre de 1870 et la Grande Guerre. En 1937, la famille de Louis Cortot quitte la Côte d'Or pour la région parisienne où ses parents occupent un poste de concierges à Saint-Cloud. Louis Cortot passe alors son certificat d'études et suit avec passion le cours des événements politiques : la guerre d'Espagne, le Front populaire, les accords de Munich...  Le grand élan de l'Aviation populaire, crée par Pierre Cot et Jean Zay, lui offre l'opportunité d'apprendre à piloter des planeurs et des avions à l'Aéroclub de Boulogne-Billancourt tout en lui donnant le goût pour la mécanique.

Une résistance précoce dirigée vers la lutte armée

Au début de l'Occupation, il est élève à l'École pratique supérieure de Suresnes en vue de l'obtention d'un CAP de chaudronnerie-mécanique. Début 1941, il rejoint la résistance. Cette même année, Jean Cortot, son frère aîné est arrêté du fait de ses activités dans la Résistance. La police ayant tendu une souricière à son domicile, Louis Cortot se cache chez des amis pendant une semaine.

Souhaitant participer à l'action directe, il entre alors en contact avec l'Organisation spéciale (OS) du Parti communiste. Il commence par distribuer des tracts puis en vient à récupérer des armes, couper des lignes téléphoniques, saboter des antennes radio. Son père étant âgé et son frère étant incarcéré à la prison de la Santé, Louis Cortot doit alors abandonner ses études et devient ajusteur pour faire vivre sa famille. Dans l'usine où il travaille, il fabrique les engins explosifs nécessaires à la lutte armée. Avec son groupe, Louis Cortot participe à de nombreuses opérations. Il fait dérailler un train de chars sortant des usines Renault pour partir vers le front de l'Est, sabote un transformateur disjoncteur à Issy-les-Moulineaux, participe au grenadage d'un convoi d'Allemands à Trappes et fait sauter des écluses en Seine-et-Marne afin de bloquer l'acheminement de matériels allemands. En juillet 1942, son groupe détruit à l'explosif le bureau du Rassemblement national populaire (RNP) à Boulogne-Billancourt, puis le bureau d'embauche des ouvriers français volontaires pour le travail en Allemagne de Courbevoie.

Le temps des maquis

En janvier 1944, Louis Cortot quitte son emploi et rejoint les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de Seine-et-Marne pour participer à l'implantation d'un maquis à Saint-Mammès. À partir de mai, il est chargé des liaisons entre l'État-major des Forces françaises de l'intérieur (FFI) de Seine-et-Marne et celui de Paris.

Le 26 août 1944, à Lieusaint (Seine-et-Marne), traversant la forêt de Sénart, la voiture à bord de laquelle il se trouvait est mitraillée par les Allemands. Grièvement blessé à la face, par des éclats de balles explosives, il est hospitalisé à l'Hôtel Dieu.

Proposé par le colonel Rol-Tanguy, Louis Cortot est fait Compagnon de la Libération par décret  du 8 novembre 1944. Le 11 novembre 1944, il reçoit la croix de la Libération des mains du général de Gaulle à l'Arc de Triomphe. Il était très attaché à l'état d'esprit de cet ordre « qui ne  comporte aucun grade et nous place tous à  égalité, qu'on soit ministre PDG, prix Nobel ou simple ouvrier (1) ».

Aspirant de réserve à la fin de la guerre, il retourne à la vie civile. En 1947, il entre comme ajusteur aux usines Dassault de Saint-Cloud où sont fabriqués les prototypes d'avions. Il fait toute sa carrière dans cette entreprise aéronautique, terminant comme responsable de l'antenne de réparation et d'entretien  des équipements et commandes de vol pour les avions en service.

La fidélité à son idéal de jeunesse

Fidèle à ses camarades de Résistance, Louis Cortot s'engage au sein d'associations défendant leur mémoire. Président de l'Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance (ANACR) depuis 2004, membre du Conseil de l'Ordre de la Libération depuis 2010, président de l'association des Amis du musée de l'Ordre de la Libération depuis 2012, Louis Cortot était également vice-président de la Fondation de la Résistance depuis 2016. Par ailleurs, très attaché au Concours national de la Résistance et de la Déportation, il intervenait régulièrement dans les établissements scolaires.

Grand officier de la Légion d'honneur, titulaire de la croix de guerre 1939-1945, Louis Cortot s'est éteint le 5 mars 2017 à Saint-Mandé (Val de Marne). Le 10 mars dernier, après que les honneurs militaires lui aient été rendus dans la cour d'honneur de l'Hôtel national des Invalides, il a été inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, dans le caveau de l'Ordre de la Libération.

Le 8 mai 2015 au palais de l'Élysée, lors de la cérémonie officielle de remise des prix aux lauréats du Concours national de la Résistance et de la Déportation (2), en présence du Président de la République, Louis Cortot rappelait devant nous avec la simplicité et la modestie que nous lui connaissions son engagement dans la Résistance. De son expérience clandestine, il retenait la camaraderie, la solidarité qui unissait les résistants mais aussi l'espérance car précisait-il, « nous avions un idéal ». Concluant sa vibrante allocution, avec son bel accent bourguignon, il adressait un message à destination des jeunes : « Réfléchissez, n'acceptez pas les injustices, agissez. Pas parce que vous êtes sûr de réussir, mais parce que c'est juste : c'est cela avoir un idéal. Restez toujours vigilants. [...] Défendez vos droits, mais ayez aussi conscience de vos devoirs. Vous pouvez le faire. J'ai confiance en la jeunesse (3) ». Ces mots ont maintenant pour nous valeur de testament.

Frantz Malassis

 

(1)      « Entretien avec Louis Cortot », propos recueillis par Guillemette de Sairigné le 15 décembre 2016.

(2)      Les lauréats nationaux de la session 2013-2014 avaient réfléchi sur le thème : «  La libération du territoire et le retour à la République ».

(3)      L'allocution intégrale de Louis Cortot est accessible depuis la rubrique « actualités » du site internet www.fondationresistance.org.

 

Sources :

- Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, 2010,  p. 260.

- Biographie de Louis Cortot en ligne sur le site Internet du musée de l'Ordre de la Libération www.ordredelaliberation.fr

- « Entretien avec Louis Cortot », propos recueillis par Guillemette de Sairigné le 15 décembre 2016 in Bulletin de l'Association des familles de Compagnon de la Libération  n°11, juin 2017.